Au fin fond des bois jolis
Elle court elle court la malade, elle court après ce qu’elle n’aura pas, ce dont elle rêve la nuit et la journée, ce corps pur parfait beau ferme et attirant. Ce corps sans graisse sans imperfection. La graisse cette substance toxique, granuleuse encombrante. Il suffirait d’une petite incision dans la cuisse, d’une petite cuillère pour l’enlever. Voilà à quoi elle pense desfois. C’est beau une cuisse ferme. Une cuisse douce et lisse. Jusqu’où ira-t-elle pour avoir ce qu’elle veut. Serait-elle prête à mourir pour les normes d’une société foutue depuis longtemps ? La réponse est oui, elle est prête à tout, à se gaver de médicaments tous plus dangereux les uns que les autres, à ne plus manger pendant des jours… Mais voilà la nourriture est une drogue, et comme toutes les drogues il est très difficile de se sevrer et les quelques kilos perdus, les quelques boules de graisses disparues reviennent aussitôt. Elle est prisonnière de ce corps dont elle ne veut plus. Elle veut en sortir mais elle ne peut pas. Sa vie entière tourne autour du mirage d’un corps nouveau. Ou plutôt autour de l’image du corps que la société impose en tant qu’acceptable.